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Il y a un peu plus de 10 ans le critique de vins Jean-Marc Quarin recevait un prix pour son ouvrage “Le Guide Quarin des vins de Bordeaux”. Le “marketeur” parisien, Fabrice Léger, passionné du vin fêta ce prix avec Quarin et décidèrent ensemble de créer le Salon des Vins le plus incontournable de Paris: Le Salon des Outsiders qui fête sa 10ème édition cette année! Le Salon qui n’a pas pris une seule ride, reste presque confidentiel avec un public très affuté à l’image de la sélection des Outsiders.
Pour parler des débuts et du futur du Salon des Outsiders, Fabrice Léger (FL) et Jean-Marc Quarin (JMQ) ont gentiment accordé cette interview à Raice et Stéphane de My Tasty Travel
Les débuts
Raice: Pourriez-vous rappeler à nos lecteurs vos débuts ? Et comment cette belle aventure a démarré?
JMQ: Finalement, le tout début, c’est lorsque j’écris le guide Quarin des vins de Bordeaux. En pleine rédaction, je réalise qu’il manque quelque chose pour distinguer les crus qui s’appliquent et qui ne sont pas connus alors même qu’ils procurent en dégustation de grandes satisfactions. Comment leur rendre justice ? En quelques heures, je crée le concept d’outsider, et même un logo qui va avec. Fabrice a été séduit par une rencontre à Bordeaux avec ces crus inconnus. À partir de là, nous avons décidé de faire partager mon expertise et nos émotions au grand public.
FL: En décembre 2012, à la suite d’un dîner organisé par Jean-Marc au Chateau Margaux, pour célébrer l’obtention du prix Nadine de Rothschild pour son livre « Le guide Quarin des vins de Bordeaux ». Et d’une visite chez Françoise et Stéphane Dief (Clos Manou). Je redécouvrais le plaisir des vins de Bordeaux et j’avais envie de le faire partager. Avec un leitmotiv en tête, organiser un événement comme un grand amateur invite des amis à dîner à la maison.
Le bilan
Stéphane: Quel bilan faites-vous de ces 10 ans du Salon des Outsiders ?
JMQ: Je prends toujours autant de plaisir à effectuer la sélection. Le public me le rend bien en disant que tout est bon dans cette salle. Les exposants le disent aussi quand ils prennent le temps d’aller goûter, les vins faits par leurs pairs. La destination Paris n’était pas évidente pour beaucoup de crus. Moi, je voyais Paris comme la capitale possible du monde du vin au lieu de Londres ou Hong Kong. Finalement, les gens viennent de toute la France, mais aussi de l’Europe. Et je remarque avec une certaine malice que Vinexpo s’est installé récemment à… Paris.
Je remarque aussi que de nombreux crus dont personne ne parlait en 2013, ont gagné en notoriété quand leur prix de vente ne s’est pas envolé. Je pense à Carmes Haut Brion, à Canon, à Croix De Labrie, à Arnauld. Certains ont grimpé dans les classements. D’autres n’ont plus de vin à vendre, d’autres s’agrandissent sans cesse. La volonté de prendre de l’avance sur le marché et de partager des informations sensibles aptes à faire connaître avant tous et donc acheter au prix le plus avantageux est accomplie.
FL: Je n’ai pas vu le temps passé. Après 2013, nous avons lancé les Rencontres Jean-Marc Quarin à Lausanne en 2016 et à Bruxelles en 2021. Je prends toujours autant de plaisir à préparer ces événements, à essayer de les rendre plus aspirationnels.
Raice: Quels sont vos meilleurs souvenirs des 10 ans du Salon des Outsiders ?
JMQ: Avoir maintenu le salon, juste après les attentats de 2015. L’incroyable dégustation comparative entre les grands thés chinois et Cheval Blanc. Les heures passées à tester, le menu d’ouverture avec les grands chefs pour trouver les accords sublimes. Et puis, cette année, il y aura un atelier dégustation sur mes coups de cœur d’une décennie.
FL: L’édition 2015, après les attentats de Paris. Nous avons concerté les vignerons pour savoir si nous maintenions ou pas ainsi que les personnes qui s’étaient inscrites au dîner inaugural chez Laurent. Tout le monde a tenu à répondre présent. L’émotion était très forte mais quel plaisir de se retrouver cette année là. Un cru a sorti une cuvée spéciale « A la vie » suite à cette édition. La préparation des dîners et leur extrême professionnalisme. Ces dîners axés sur la sublimation des accords mets-vins sont fabuleux. J’invite chacun à y participer au moins une fois. Et puis les rencontres, avec les vignerons, les chefs, mais aussi nos partenaires et la découverte de leur savoir-faire.
Stéphane: Avez-vous remarqué une évolution/changement des attentes de votre public ?
JMQ: La confiance se gagne lentement. Il existe tellement de salle dans le monde où on peut goûter des dizaines de vin. C’est le public qui m’a fait remarqué que peu d’endroits pouvait réunir des vins tous très bons de 9 euros jusqu’à 135 € la bouteille. Le public se libère, se sent en confiance et n’hésite pas à se procurer de belles bouteilles à la boutique éphémère dès lors que les vins sont délicieux. Je suis très heureux de les aider à aimer les grands vins liquoreux. En parlant du public, les exposants signalent qu’ils rencontrent rarement ce public là : respectueux, attentif, curieux et souvent très qualifié.
FL: Nous sommes avant tout dans un marketing de l’offre. Les visiteurs veulent vivre des expériences vraies et gratifiantes, mais ce n’est pas eux qui vont les définir. Le corollaire, c’est que les promesses soient tenues. Que le public se sente respecté, reconnu par les marques, tant au niveau des crus sélectionnés que du salon en lui-même.
Raice: J’ai quelques questions pour vous, JMQ, en tant que critique, quels sont pour vous les changements les plus marquants du vignoble bordelais cette dernière décennie ? Est-ce que le goût des crus bourgeois a changé depuis 10 ans ? L’Outsider de 2033 sera comment à votre avis ? Et finalement Quels seront ses défis en terme de changement climatique, de négoce …
JMQ :Il y a des phénomènes intéressants et parfois contradictoires. Le premier, positif, est l’augmentation moyenne du niveau de qualité des vins. C’est dû à un meilleur savoir-faire, une plus grande application, un effet de la concurrence et un commerce jusqu’à aujourd’hui au top. Le second est que de moins en moins de gens en particulier en France boivent de vin donc il peut y avoir une diminution de la demande. C’est contradictoire vis-à-vis de l’effort produit à la production. Le troisième est que tous les millésimes produits sont désormais bons.
Depuis 10 ans, il n’y a eu qu’un seul petit millésime, le 2013. Désormais, la question se pose de comment le négoce bordelais et les marchands en général peuvent valoriser tous ces millésimes désormais tous très bons et en quasi surnombre. Et, à mon avis, le réchauffement climatique, va accentuer les choses. Après 2022, beaucoup de marchands se sont dit qu’ils ne vendraient pas de 2023. Il n’y a plus de place ! Or, le paradoxe, et qu’il y aura des très bons voir des Grands 2023.
À cela s’ajoute des méthodes de vente que je juge anciennes. Elles se limitent à afficher une note de journaliste. Or, qu’est-ce que la note représente du goût du vin ? Et pour qui ? Qu’est-ce que le consommateur qui n’est pas un lecteur assidu des spécialistes comprend de la note du Vin ? Et encore plus si elle est sur 100/100 pour un français ?
Dans ma présentation des vins, au salon des Outsiders je n’indique jamais la note. Alors que c’est mon métier de mettre des notes, jamais un visiteur ne me les a demandées ! Cela fait d’autant plus réfléchir que les visiteurs sont de plus en plus nombreux et toujours aussi exigeants.
Le futur
Stéphane: Que peut-on souhaiter au Salon des Outsiders pour les 10 prochaines années ?
JMQ: Je souhaite longue vie, au salon des Outsiders. C’est un mélange d’émotions, de partage, de culture et d’humanité qui fait du bien. À la sélection que je veux irréprochable s’ajoute une organisation sans pareil. C’est notre volonté de respecter les amateurs de vin.
FL: De célébrer la vingtième édition ! En prenant toujours autant de plaisir. Je reprends les mots de Jean-Marc: c’est un rendez-vous qui fait du bien.
Raice et Stéphane: Merci beaucoup, à vous deux pour cet échange. On se donne donc RDV les 16,17 et 18 novembre 2023 au Pavillon Ledoyen, à Paris, pour l’édition d’anniversaire du Salon des Outsiders.
L’édition anniversaire du Salon des Outsiders à Paris s’annonce inoubliable
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